Déchirer les papiers
J'adore cette expression marocaine. Déchirer les papiers c'est se libérer des liens. Assumer au-delà des tabous, des cases, des étiquettes. Ce n'est pas déconstruire, c'est moins factice.
Je ne sais plus qui pour la première fois m’a expliqué cette expression “déchirer les papiers”. Peut être que cette image est liée aux migrants marocains obligés de déchirer les papiers pour effacer leur identité, leur origine, pour ouvrir leur nouvelle vie. Un contexte tragique qui a été détourné.
Nous sommes tous enchainés par les attentes, les codes, les normes. Ils sont nécessaires à toute société pour réguler les collectifs et établir la culture.
Sauf que dans une culture telle que celle où j’ai grandi, l’individu n’a que peu de place pour sa spécificité.
On se sent substituable, ressemblant aux autres, de valeur équivalente.
Et puis un jour, après ta crise d’adolescence ratée, tu te réveilles.
Qui es tu ?
Mon adolescence elle n’a pas été ratée, elle a été juste bien vécue.
Dans un cocon protecteur, dans mon petit confort, je n’ai jamais vu l’utilité de courir après les garçons, de rater mes cours, ni d’écarter les livres pour me connaitre.
J’étais à l’aise avec qui j’étais, cette forme d’Hermione Granger sans magie. Hermione aussi était à l’aise avec ses cheveux, lunettes et amour des livres. Un jour elle s’est pliée aux codes d’un bal mais ce n’était que pour revenir à ce qu’elle était.
L’urgence à déchirer quoique ce soit n’existait pas.
Ma petit bulle 🫧 a constitué la sphère protectrice de mon psyché. Elle est importante, la dénigrer c’est faire preuve de privilège et de ne pas connaitre la valeur même du confort.
Et un jour j’ai disrupté (perturbé) mon petit monde.
Alors que même dans mon petit monde confortable je me sentais à côté des autres (qui ne l’est pas à ses vingt ans ?), je me suis mise carrément dans celle d’underdog (expression désignant le mouton noir).
Underdog, outsider… que des mots, des étiquettes.
J’en étais effrayée, pétrifiée, moi la fille de la hchouma (le tabou de la honte sociale). Se voir ainsi me mettre l’étiquette par les autres… Pendant 10 ans bientôt, cet inconfort a grandi, diminué, gonflé et tout balayé*.
*une temporalité intéressante : expatriation en France, une ratée en Belgique, une faite aux US, un retour en France, un lancement entrepreneurial
Et un jour, l’orage dans un ciel loin d’être serein.
Ce n’est d’ailleurs pas un orage mais carrément un tsunami.
Je suis montée bien haut sur le plus grand arbre que j’ai trouvé pour attendre le moment de descendre.
Le tsunami semble passer, il n’y a que les répliques. Mon environnement ressemble à un après tsunami.
Je peux m’amuser à jouer au déni à faire semblant que ce tsunami ne m’a pas changé, ne changera pas mon foyer. Mais pourquoi ? pour qui ?
Par peur de choquer les autres, par peur de perdre la face, par peur de flancher ou encore de décevoir.
Il se trouve le jour où se tsunami a déferlé (aka la maladie du conjoint au cas où ce n’était pas clair), j’ai réfléchi dans cet état d’hyper conscience qui a duré 24h (après j’étais fatiguée).
Et dans les éventuelles conséquences possibles, tout m’a convaincu à quel point j’allais avoir besoin de ma liberté pour ne pas tomber.
Alors que je me mettais au dessus de cet arbre pour attendre le passage du tsunami (parce qu’il y a des choses que je ne peux pas régler, mon principal rôle est de protéger mon enfant, ensuite de soigner mais aussi de prendre soin de moi pour tenir…), me libérer mentalement du jugement a été ma nouvelle bulle.
3 choses donc que j’ai apprise pendant ces derniers jours sans aucun ordre de priorité :
augmenter son prix c’est la base en 2023
on est tous le plouc de quelqu’un
le silence est d’or
Une quatrième 🎁, écrire un livre d’un style romancé et documenté prend trois ans.
Voilà pourquoi je réserve mon énergie de passion pour ce projet. Le reste est consacré en priorité à The helpr. Je n’en parle pas plus pour des raisons évidentes de confidentialité.
Et toi, comment vas tu ?
Comment s’annonce 2023 ?